Yves Trudeau
Relief, négatif positif (1986)
Acier inoxydable
Emplacement : passerelle
La dynamique de cette œuvre traduit symboliquement les parois du roc mises à nu par une faille dans le sol. Le fini des différentes faces pliées varie afin de créer un jeu d’ombres, de lumière et de couleurs.
Le saviez-vous?
À l’origine, ces murales devaient être beaucoup plus longues et se poursuivre le long des escaliers mécaniques.
À propos de l’artiste
Né à Montréal, Yves Trudeau (1930-2017) a marqué l’histoire de la sculpture au Québec en tant qu’artiste et administrateur. Il a participé à la création en 1960 de l’Association des sculpteurs du Québec, devenue par la suite le Conseil de la sculpture du Québec.
Source : page Info STM du 18 juin 2003
Né en 1930 à Montréal, Yves Trudeau a marqué l’histoire de la sculpture au Québec. Fondateur en 1960 de l’Association des sculpteurs du Québec (devenue par la suite le Conseil de la sculpture du Québec), cet artiste militant a toujours défendu les droits des artistes dans la société québécoise. Ses œuvres, parfois gigantesques, se retrouvent aujourd’hui aux quatre coins de la province, y compris à la station Côte-Vertu du métro de Montréal.
N’eut été de sa passion pour l’art abstrait, Yves Trudeau aurait réalisé une œuvre pour le métro de Montréal dès la fin des années 1960. «À l’époque, Robert LaPalme était le directeur artistique du métro. Il m’avait offert de réaliser une sculpture pour la station Square-Victoria, plus précisément au plafond de la rotonde située à proximité de la Tour de la Bourse. Il voulait que l’œuvre rappelle la monnaie de carte, qui a servi à une certaine époque dans la colonie. Je lui ai proposé quelque chose d’abstrait et il m’a semblé assez heureux sur le coup, mais je n’ai plus jamais eu de nouvelles de lui… Évidemment, LaPalme a fait publier ma maquette dans le journal pour montrer qu’il était ouvert à l’art abstrait, ce qui n’était pas du tout le cas!»
Faille géante et fil d’Ariane
À l’instar d’autres artistes mis de côté par Robert LaPalme, Yves Trudeau a finalement eu la chance de réaliser une œuvre pour le métro de Montréal. «Cela faisait déjà un bon moment que Jean Dumontier, directeur de l’architecture au Bureau de transport métropolitain, me demandait de créer une œuvre pour le métro. Un jour, il m’a transmis les coordonnées de deux ou trois firmes d’architectes à approcher. Je les ai contactées et les architectes de la station Côte-Vertu, Jodoin, Lamarre et Pratte, ont retenu mes services.». L’œuvre finale, intitulée Relief, négatif positif, a été dévoilée au public lors de l’inauguration de la station en octobre 1986. Elle est constituée de deux murales en acier inoxydable qui servent de revêtement aux deux murs opposés du grand volume de la station. Ces murales expriment symboliquement les parois du roc mises à nu par une faille qui se serait créée dans le sol.
Selon Yves Trudeau, c’est Jean Dumontier qui aurait eu l’idée de la faille. «L’architecte Denis Lamarre et moi l’avons acceptée car elle cadrait bien avec ma série sur les murs fermés et ouverts. D’ailleurs, cette œuvre a été la dernière de la série. En fait, c’est comme si j’avais pris un mur et que je l’avais aplati comme une feuille de papier. C’est pour cette raison que les deux murales sont pratiquement identiques: lorsqu’il y a une saillie d’un côté, il y a un retrait de l’autre. À la limite, on pourrait coller les murales l’une sur l’autre et elles s’imbriqueraient parfaitement. De plus, lorsqu’une section de l’œuvre est brillante, celle en face est mate. Tout a été conçu en fonction de la réflexion de la lumière: j’ai effectué des tests avec plusieurs maquettes, dont une à demi-grandeur.»
Fait à noter, une bande jaune traverse les murales et fait le tour du grand volume de la station de métro. Elle représente le fil d’Ariane, une idée d’Yves Trudeau qui s’est inspiré de la mythologie grecque. Selon la légende, Ariane donna à Thésée, venu en Crête pour combattre le Minotaure, le fil à l’aide duquel il put sortir du Labyrinthe après avoir tué le monstre. Tout comme le fil d’Ariane, la bande jaune sert de repère visuel aux voyageurs qui circulent dans la station.
Le rêve… et la réalité
Les murales de la station Côte-Vertu ont été réalisées chez le fabricant de grilles Permagril, situé à Mont-Saint-Hilaire. Chaque murale est constituée de plusieurs feuilles d’acier inoxydable s’emboîtant les unes dans les autres. Ces feuilles ont été pliées dans une presse puis doublées pour plus de résistance. À l’arrière, des formes de bois ignifugé donnent une certaine épaisseur aux murales, solidement ancrées dans les murs de la station.
Yves Trudeau n’a qu’un seul regret en ce qui concerne l’œuvre de la station Côte-Vertu: à l’origine, les murales devaient être beaucoup plus longues et se poursuivre le long des escaliers mécaniques. «Le but recherché était de capter les rayons du soleil provenant du puits de lumière, situé tout en haut des escaliers mécaniques. Par le jeu des parties brillantes et mates de l’œuvre, la lumière naturelle aurait rebondi jusqu’aux quais. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la décision de réduire la taille de l’œuvre n’a pas permis d’économiser un sou: selon mes calculs, le revêtement de brique a coûté aussi cher qu’un revêtement d’acier inoxydable. Moi, je prétends que les responsables du projet ont rencontré un maudit bon vendeur de briques qui a court-circuité toute l’affaire!»