Peter Gnass
Murale (1978)
Acier inoxydable
Œuvre restaurée avec la participation financière du ministère de la Culture et des Communications du Québec
Emplacement : mezzanine
Tirant profit de l’ensoleillement généré par le puits de lumière, Peter Gnass a imaginé cette gigantesque structure en acier inoxydable. Atteignant un relief de 3,3 mètres, elle repose sur un plan incliné où se reflètent la lumière et les mouvements de foule.
Le saviez-vous?
Conçue par les architectes Gillon et Larouche, la station LaSalle a reçu un prix d’excellence de la revue Canadian Architect.
À propos de l’artiste
Né à Rostock (Allemagne) en 1936, Peter Gnass est arrivé à Montréal en 1957 et a rapidement fait sa marque comme sculpteur. Ses œuvres ont fait l’objet de plusieurs expositions et ont été intégrées à des bâtiments comme le Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts.
Source : page Info STM du 2 décembre 2003
Né en 1936 à Rostock (Allemagne), Peter Gnass est l’auteur de nombreuses œuvres d’art public à Montréal, dont celles du Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts, du square Viger et de la station de métro LaSalle. «C’était le rêve de mon père d’émigrer au Canada, mais l’occasion ne s’est jamais présentée pour lui. Lorsque j’ai atteint l’âge requis, je me suis renseigné et j’ai fait application. À mon arrivée à Montréal, en 1957, je n’avais que quelques dollars en poche et je ne parlais à peu près pas le français. Je me suis trouvé un travail pour payer mes cours du soir à l’École des Beaux-Arts. Puis, j’ai été embauché comme décorateur à Radio-Canada, aux côtés de Frédéric Back et de Nicolas Sollogoub, deux autres artistes du métro. Entre-temps, j’ai expérimenté la gravure avec Albert Dumouchel, puis la sculpture avec Robert Roussil.»
Comme la plupart des artistes de sa génération, Peter Gnass participe à l’Exposition universelle de 1967 à Montréal. Il y fait la connaissance de Jean Dumontier, futur directeur de l’architecture au Bureau de transport métropolitain (BTM). «Il y avait beaucoup de projets artistiques à cette époque, mais l’art n’était pas respecté comme aujourd’hui. Je pense notamment à un symposium de sculpture à Alma, au Lac-Saint-Jean, auquel j’avais participé. Nos œuvres devaient demeurer sur place après le symposium, mais la compagnie à l’origine de l’événement a voulu les transporter à Montréal pour l’Expo. Quand nous avons refusé, la compagnie s’est fâchée et elle a balancé les sculptures dans la rivière! La même chose s’est produite dix ans plus tard lorsque le maire Drapeau a fait démolir l’exposition Corridart, à la veille de l’ouverture des Jeux olympiques. Heureusement, les choses ont bien changé depuis.»
Un travail d’équipe
Au milieu des années 1970, le métro de Montréal est prolongé dans toutes les directions. Jean Dumontier présente Peter Gnass à Didier Gillon, l’architecte de la future station LaSalle. Ce dernier demande au sculpteur de réaliser une œuvre dans le puits de lumière de la station, au-dessus de la mezzanine. «C’était un projet vraiment intéressant. En s’inspirant des plafonds inclinés des usines voisines, l’architecte a créé une station toute en angles, très audacieuse pour l’époque. Son épouse, Michèle Tremblay-Gillon, a choisi les couleurs et les textures de la station. Pour ma part, j’ai toujours aimé travailler avec la lumière et les ombrages, créer des reflets. C’est pourquoi j’ai réalisé cette immense murale en relief qui capte et déforme le mouvement des voyageurs. Les murs orangés et les lignes du béton accentuent l’aspect vivant de l’œuvre. Ce fut à la fois un beau travail d’équipe et une véritable intégration de l’art à l’architecture.»
La réalisation de cette immense murale (20,7 mètres de long par 10,7 mètres de haut) représentait tout un défi pour l’artiste. «Puisque le plafond à cet endroit supportait déjà le plancher de la mezzanine, il fallait réduire autant que possible le poids de l’œuvre. Il fallait aussi tenir compte des violents courants d’air causés par l’arrivée des trains en station, capables de faire vibrer la structure. Nous avons donc opté pour une structure en acier, recouverte de minces plaques d’acier inoxydable rivetées. Je pouvais difficilement réaliser une structure aussi grande et aussi complexe dans mon atelier. C’est pourquoi nous avons fait appel à une firme spécialisée qui s’est chargée de fabriquer la murale et de l’installer.»
Toute une cérémonie!
La station LaSalle a été inaugurée le 3 septembre 1978, en même temps que les stations Angrignon, Monk, Jolicoeur, Verdun, de l’Église, Charlevoix et Lionel-Groulx. Une cérémonie dont Peter Gnass se souviendra longtemps! «À la sortie du train, les dignitaires se sont rassemblés sous ma murale. Un à un, les artisans de la station ont été appelés à l’avant… sauf moi! J’étais accompagné de l’artiste américain Sol LeWitt, de passage à Montréal pour une exposition au Musée d’art contemporain. Il m’a demandé: Tu es bien sûr d’avoir réalisé cette œuvre? Si c’est toi l’artiste, pourquoi ne t’appellent-ils pas?»
Par la suite, Peter Gnass a participé à de nombreuses expositions au Canada et en France. Il a de plus créé certaines œuvres éphémères constituées de tubes de néon. «Le néon m’intéresse pour son pouvoir d’écriture, pas comme source d’éclairage. Il s’agit toutefois d’un médium fragile qui convient mieux à un musée qu’à un lieu public. Ceci étant dit, l’intégration de l’art dans le métro a été une initiative fantastique. En tant qu’artistes, nous devions toujours nous battre auprès des compagnies et des architectes pour intégrer des œuvres aux bâtiments. Avec le métro, ce sont les architectes et le BTM qui nous approchaient. C’était vraiment un projet en avance sur son temps.»