Yves Roy
Murales (1978)
Acier inoxydable
Emplacement : mezzanine
L’architecte a réalisé deux murales de même dimensions dans la station de correspondance des lignes verte et orange. Installés à des angles différents, les panneaux de métal poli réfléchissent l’image des déplacements des voyageurs.
Le saviez-vous?
Par sa configuration, la station Lionel-Groulx permet à la vaste majorité des correspondances de s’effectuer sans changement de niveau.
À propos de l’artiste
Né à Sainte-Anne-des-Monts en 1936, Yves Roy a fréquenté l’École d’architecture de Montréal avant d’œuvrer pour l’architecte Victor Prus. Après son passage au Bureau de transport métropolitain (BTM), il a été architecte pour la firme d’ingénierie SNC et pour VIA Rail.
Source : page Info STM du 6 août 2008
Le prolongement de la ligne verte vers le parc Angrignon fête ses 30 ans cette année. Des huit stations inaugurées en 1978, la plus importante est sans doute Lionel-Groulx, première station de correspondance à quais centraux du métro de Montréal. En 2005, les lecteurs du quotidien The Gazette ont placé cette station au tout premier rang pour son design, devant McGill, Acadie et Bonaventure. Un bel hommage au travail de l’architecte de la station, Yves Roy.
Né en 1936 à Sainte-Anne-des-Monts en Gaspésie, Yves Roy a fréquenté l’École d’architecture de Montréal, où il a fait la connaissance de Jean Dumontier, futur architecte en chef du métro. Après un voyage d’études en Europe, il était embauché par l’architecte Victor Prus, qui réalisait alors les stations de métro Bonaventure et Mont-Royal. «Ce fut une très bonne école pour voir ce qu’est le métro! J’ai également participé à la réalisation du Grand Théâtre de Québec. Après ces deux années de cléricature, je suis parti à mon compte. Un jour, Jean Dumontier m’a offert de me joindre à l’équipe du Bureau de transport métropolitain (BTM). J’ai d’abord dessiné l’atelier-garage Beaugrand, puis on m’a confié la réalisation d’une station de correspondance qui devait porter le nom d’Albert, avant de s’appeler Lionel-Groulx.»
L’arbre est dans ses feuilles
Proposé par l’ingénieur français Jacques Gaston, le concept de station de correspondance à quais centraux représentait une grande évolution par rapport aux stations de correspondance traditionnelles à quais latéraux, le plus souvent construites en forme de croix. «C’était une excellente idée car en plus de gagner de l’espace, on permettait à 85 % des correspondances de s’effectuer sans changement de niveau. Ma crainte était que l’espace du quai inférieur, avec un plafond très bas sur une grande largeur, ne soit trop écrasé. De là m’est venue l’idée de créer des ouvertures vers le quai supérieur, surtout dans le centre de la station. À cet endroit, un puits de lumière traverse les trois niveaux au-dessus du quai inférieur. Au centre du puits, une colonne et les poutres qui s’y rattachent à chaque niveau sont dégagées comme le sont les branches d’un arbre. La lumière du soleil devait entrer par des lanterneaux percés sur le toit du bâtiment en surface, éclairer l’arbre jusqu’au quai inférieur et animer le plancher coloré, mais ces lanterneaux ont été remplacés par un toit de béton.»
Le trait le plus distinctif de la station Lionel-Groulx est sans contredit son plancher très coloré, constitué de milliers de tuiles circulaires. Comme l’explique Yves Roy, ce choix n’était pas prévu au départ. «Les planchers et les murs devaient être en granit, matériau noble que l’on retrouve un peu partout dans le métro de Montréal. Je me suis rendu compte par la suite qu’il existait d’autres matériaux de qualité bien plus vivants. J’ai été attiré par ces rondelles de porcelaine, fabriquées en France et offertes dans une variété de couleurs. Le coloris final des planchers m’est venu en me promenant dans la forêt, l’automne, avec un tapis de feuilles mortes au sol. Pour accompagner mon arbre de lumière, j’ai donc choisi sept tons de rouge, orangé et jaune imitant les couleurs des feuilles mortes. J’aurais préféré que les couleurs soient disposées dans un désordre total, comme en forêt, mais pour faciliter le transport et l’installation, les tuiles venaient en feuilles, de sorte que le même motif géométrique se répète un peu partout.»
L’œuvre d’art
Comme la plupart des architectes du BTM, Yves Roy a réalisé lui-même l’apport artistique de la station, une murale d’acier inoxydable en deux sections qui surplombe le quai supérieur. «Victor Prus disait que dans une station, lorsqu’il y a de l’architecture, c’est l’architecture qui est l’œuvre d’art. Pourquoi ajouter une œuvre sur une autre œuvre? Au lieu d’une œuvre plaquée sur un mur, je voulais réaliser une murale qui allait «faire» le mur. Et sur ce mur, je souhaitais réfléchir l’animation dans la station. Ainsi, l’acier inoxydable sert de miroir et réfléchit le mouvement des passagers et des trains. Lorsqu’on regarde attentivement les deux côtés de l’œuvre, on remarque des lignes de perspective, celles du train qui entre en gare. En se tenant près du bord du quai, on voit le train qui entre dans la murale et qui suit les lignes de perspective de celle-ci.»
Après avoir terminé les plans de la station Lionel-Groulx, Yves Roy a été nommé architecte en chef de la firme d’ingénierie SNC, poste qu’il a occupé durant six ans. Il a ensuite renoué avec le transport ferroviaire chez VIA Rail, où pendant cinq années il a dessiné des gares et des abris pour les voyageurs. Il consacre maintenant la majeure partie de son temps à la réalisation de tableaux, une passion qui remonte à son enfance. «Mes tableaux se situent à mi-chemin entre la peinture et la sculpture. Je cherche toujours à leur donner une troisième dimension, un peu comme mon œuvre à la station Lionel-Groulx. J’ai participé à une première exposition l’automne dernier et cela m’a fait un velours de voir des gens s’intéresser à mes créations.»