Antoine Lamarche
Bas-reliefs (1978)
Béton cannelé
Emplacement : toute la station
Avec ses bas-reliefs, l’artiste a créé des rythmes éclatés sur la partie supérieure des murs de béton de la station. Un jeu de lignes horizontales, verticales et obliques s’intègre ainsi à l’architecture et à un mobilier où le jaune vif a prédominance.
Le saviez-vous?
L’œuvre a été réalisée au fur et à mesure que le béton était coulé, ce qui a nécessité l’emploi de dizaines de moules en contreplaqué.
À propos de l’artiste
Né à Elbeuf (France) en 1939, Antoine Lamarche s’est lancé en sculpture architecturale en joignant l’atelier de Claude Théberge. Passant du très grand au très petit, il a ensuite travaillé dans le domaine de la joaillerie, pour ensuite se concentrer dans l’orfèvrerie.
Source : page Info STM du 17 août 2006
De toutes les stations du métro de Montréal, la station Verdun est peut-être le meilleur exemple d’architecture monumentale, si l’on se fie à cette analyse de DOCOMOMO Québec, organisme voué à la documentation et la conservation de l’architecture du mouvement moderne: «Une cathédrale souterraine de béton, avec des arches imposantes et un puits de lumière si généreux qu’on en oublie la profondeur de cette station. Voilà en quelques mots une définition de ce «must» des grands fonds que le voyageur découvre au fur et à mesure de la descente des escaliers roulants.» Bel hommage rendu aux artisans de cette station, l’architecte verdunois Jean-Maurice Dubé et l’artiste Antoine Lamarche, à qui cet article est consacré.
Né en 1939 à Elbeuf, en Normandie (France), Antoine Lamarche est arrivé au Québec au début des années 1960, après un secondaire et quatre ans d’études en art à Lima au Pérou. «Je voulais me rapprocher des grands courants artistiques du moment et conserver mon français que j’étais en train de perdre là-bas. J’avais des amis à l’ambassade du Canada mais je n’étais pas au courant de la réalité linguistique du pays. J’étais persuadé que le Canada était bilingue «from coast to coast»! Heureusement et presque par hasard, plutôt que de me retrouver à Calgary, j’ai complété mes études à l’École des beaux-arts de Montréal (alma mater d’un de mes professeurs à Lima) et je me suis lancé dans la sculpture architecturale, un domaine en plein essor à l’époque.»
La station Verdun
Œuvrant au sein de l’atelier de Claude Théberge, Antoine Lamarche a participé à la conception et à la réalisation de dizaines de murales durant les années 60 et 70. À la station Verdun, inaugurée en 1978, l’artiste a privilégié la linéarité. Des lignes horizontales, verticales et obliques recouvrent les immenses murs de béton de la station, créant des rythmes éclatés qui se mêlent aux bandes rouges et mauves dessinées par l’architecte tout au long du parcours du voyageur. «Même si les murs ont huit pieds d’épaisseur, il a fallu se battre pour pouvoir entamer le béton d’un pouce et demi! Dans ces conditions, je n’ai pas pu ajouter autant de relief que je ne l’aurais souhaité au départ.»
«Pour réaliser les murales, nous avons fabriqué des dizaines de moules faits de contreplaqué et de baguettes de bois, un immense casse-tête avec des pièces de 4 pieds par 8 pieds qui devaient s’imbriquer parfaitement. Comme l’œuvre était réalisée au fur et à mesure que le béton était coulé, il fallait toujours fournir le bon moule au moment précis. Et une fois que le béton était coulé, c’était coulé! À cette échelle, un défaut de six pouces de diamètre n’est pas nécessairement considéré comme un défaut. Mais pour moi, c’en était un… C’est pourquoi je ne suis pas entièrement satisfait du résultat. Ce fut tout de même un défi excitant à relever, le plus gros projet de ma carrière de sculpteur.»
Du très grand au très petit
Fatigué des contraintes associées aux très grandes œuvres, Antoine Lamarche a réorienté sa carrière au début des années 1980. Il a d’abord opté pour la joaillerie, avant de se rabattre sur l’orfèvrerie. «L’être humain est ainsi fait qu’il peut passer d’un extrême à l’autre: j’en avais assez du trop grand, alors je suis allé au très petit! Je réalise toujours des bijoux, mais depuis une dizaine d’années, je me consacre surtout à l’orfèvrerie. Je sculpte des objets de taille intermédiaire, à mi-chemin entre la joaillerie et la sculpture traditionnelle: trophées, objets de culte, argenterie, etc.»
Parallèlement à sa recherche et à sa création, Antoine Lamarche a enseigné à l’École des beaux-arts, à l’Université Concordia, à l’École de joaillerie et de métaux d’art de Montréal ainsi qu’au Centre des arts visuels. Pour cet habitué des prix, autant ceux qu’il a remportés que les autres qu’il a réalisés, notamment des médailles des Prix du Québec, le projet de la station Verdun demeure un important fait d’armes. «C’était un projet d’envergure comme on en fait rarement, une œuvre permanente qui sera là dans cent ans. Je suis fier d’avoir participé à cette grande époque du développement de Montréal, dont le métro fut un jalon important.»