Claire Sarrasin

Métamorphose d’Icare (1987)

Acrylique, soie et cristaux liquides
Emplacement : mezzanine

Suspendue dans le puits de lumière, une sculpture épousant la forme d’une aile se déploie dans un jeu infini de miroirs. Inspirée de la mythologie grecque, cette œuvre évoque, dans les couleurs de l’arc-en-ciel, le rêve d’Icare d’aller vers la lumière.

Le saviez-vous?

L’œuvre a été cuite dans un très grand four à l’Institut de technologie des matériaux composites de Saint-Jérôme.

À propos de l’artiste

Née à Montréal, Claire Sarrasin s’est fait connaitre par sa façon unique d’exploiter le matériau d’acrylique en sculpture. Dans tous les aspects de sa création, elle cherche à établir un constant rapport entre la lumière, la transparence et la couleur.

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Parc (Claire Sarrasin)   Parc (Claire Sarrasin)   Parc (Claire Sarrasin)   Parc (Claire Sarrasin)

Source : page Info STM du 4 février 2003

La plupart des artistes du métro de Montréal ont été approchés par les architectes des stations. Dans le cas de Claire Sarrasin, c’est l’inverse qui s’est produit: c’est elle qui a pris contact avec les gens du Bureau de transport métropolitain (BTM), l’organisme responsable de la construction du métro. «Quand j’ai commencé à utiliser l’acrylique dans mes œuvres, j’ai voulu l’exploiter à travers des projets d’envergure car il s’agit d’un matériau fascinant, mais onéreux, qui nécessite d’importants moyens techniques. Nous étions alors au début des années 1980 et la ligne bleue du métro était sur le point de se réaliser. Au BTM, on m’a orientée vers les architectes qui avaient déjà été sélectionnés pour réaliser les différentes stations. J’ai rencontré plusieurs d’entre eux. M. Paul Faucher, de la firme d’architectes Blouin et associés, s’est montré très intéressé à mon travail et au matériau lui-même. J’ai donc été choisie pour créer une sculpture à intégrer dans le puits de lumière de la station de métro qu’il réalisait.»

Claire Sarrasin a commencé à utiliser l’acrylique pour protéger ses œuvres de soie peinte. Ce matériau a complètement changé la perspective de son travail et lui a ouvert un large éventail de possibilités. Peu exploité pour des œuvres d’art, l’acrylique qu’elle emploie est un mélange liquide qu’il faut couler dans un moule et cuire dans un autoclave, avant de le sabler et de le polir. Ce long procédé de fabrication a l’originalité de permettre la coloration de la matière et l’insertion de différents éléments comme du minerai ou des fibres de toutes sortes. Cette technique a permis la réalisation audacieuse d’une œuvre de grandes dimensions, dans la station de métro Parc.

L’ascension d’Icare

L’idée de départ de l’architecte, l’intégration d’une œuvre d’art dans le puits de lumière de la station, a immédiatement séduit Claire Sarrasin. «C’était un défi vraiment passionnant. Il y avait de grandes contraintes physiques à installer une œuvre dans cet environnement: écarts de température, rayons ultraviolets, vibrations… À cause de la taille de l’œuvre (220 cm x 110 cm x 2,5 cm), j’ai mis du temps à trouver l’endroit où réaliser, avec les budgets dont je disposais, une telle sculpture. Je me suis entourée d’une équipe de haut niveau, notamment les chimistes des compagnies DuPont de Nemours et Bayer. J’ai finalement réalisé l’œuvre grâce aux ressources de l’Institut de technologie des matériaux composites de Saint-Jérôme, qui venait tout juste d’ouvrir.»

Le thème de l’œuvre a été choisi par l’artiste elle-même. «J’ai longtemps habité l’avenue du Parc à Montréal, je connaissais bien ce quartier où une forte concentration de la population est d’origine grecque. J’ai donc décidé d’exploiter la mythologie grecque comme inspiration de mon œuvre, en imaginant le métro comme un labyrinthe et le puits de lumière comme cette ouverture vers le soleil qui a tant attiré Icare…». La sculpture, qui s’intitule Métamorphose d’Icare, a la forme d’une grande aile. Claire Sarrasin a incorporé dans l’acrylique des fils de soie, des morceaux de plastique et des cristaux liquides. De plus, elle a appliqué des encres en surface pour créer un dégradé qui rappelle les couleurs de l’arc-en-ciel. La sculpture jouit de la réflexion des miroirs placés sur les parois du puits de lumière, ce qui lui donne une apparence à mi-chemin entre l’oiseau et le papillon.

Un projet réussi

Commencé en 1985, le projet culmine en 1987 avec l’installation de la sculpture dans le puits de lumière de la station. Claire Sarrasin garde un excellent souvenir de cet instant magique: «Quand nous avons vu l’œuvre pour la première fois avec les miroirs tout autour, ce fut un grand moment. Bien sûr, auparavant, nous avions réalisé des tests avec des maquettes, mais de voir enfin la sculpture sur place avec ce jeu de reflets… J’étais ravie!» La station de métro Parc ouvre ses portes quelques mois plus tard, le 15 juin 1987. Pour souligner l’événement, l’artiste obtient la permission d’exposer ses œuvres récentes dans le hall d’entrée de la station. Celle-ci a été aménagée dans l’ancienne gare Jean-Talon, de style Art Déco, construite durant les années 1930 par le Canadien Pacifique.

Aujourd’hui, en plus de ses recherches personnelles, Claire Sarrasin se consacre à la production d’œuvres corporatives. Elle a créé des trophées d’une grande beauté pour des clients et organismes prestigieux comme l’Office de la langue française, La Dictée des Amériques, l’École des hautes études commerciales (HEC)… Elle continue de s’intéresser à l’art public, notamment aux œuvres du métro qu’elle visite à l’occasion avec des amis et des visiteurs de l’étranger. «Le métro est particulièrement intéressant pour les artistes. C’est un lieu de passage, de mouvement, de changement, qui offre des défis stimulants. J’y referais volontiers d’autres œuvres, oui, sans aucune hésitation!»

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