Judith Bricault Klein
Murale (1986)
Acier émaillé
Emplacement : quais de la ligne bleue
Visible de tous les niveaux de la station, cette murale est formée de panneaux d’acier d’une, de deux ou de trois couleurs. Elle imite le mouvement créé par la rencontre des lignes de métro à cet endroit.
Le saviez-vous?
Au total, 256 panneaux forment cette œuvre gigantesque qui atteint 18 mètres de hauteur.
À propos de l’artiste
Née à Oakland (Californie) en 1948, Judith Bricault Klein a été illustratrice pour des projets scientifiques, culturels et commerciaux. La murale de la station Jean-Talon est sa seule réalisation dans le domaine de l’art intégré à l’architecture.
Source : page Info STM du 19 janvier 2007
Les Guides de voyage Ulysse lançaient récemment une nouvelle édition du guide Montréal en métro. Cet ouvrage dévoile toutes les œuvres d’art qui ornent les différentes stations du métro, y compris les trois nouvelles stations à Laval. La couverture du guide met en vedette une œuvre plutôt méconnue du réseau montréalais, l’immense murale de Judith Bricault Klein à la station Jean-Talon. Un hommage bien mérité pour cette artiste également peu connue…
Née en 1948 à Oakland en Californie, Judith Bricault Klein ne possède pas de formation académique en arts. C’est au contact d’artistes de différents milieux et en dessinant beaucoup qu’elle a pu développer son talent. «Dès l’âge de 10 ou 12 ans, je faisais de l’illustration jeunesse, didactique surtout. Par la suite, je me suis investie dans le cinéma d’animation où j’ai côtoyé des artistes comme Norman McLaren et René Jodoin, pour ne nommer que ceux-là. J’ai aussi fait de l’illustration pour des projets scientifiques, culturels et commerciaux. Je suis touche-à-tout et j’ai des goûts très éclectiques. L’expression artistique me passionne sous toutes ses formes: pas juste le dessin ou la peinture, mais aussi la danse, la musique, le théâtre, le cinéma. Je fais facilement le pont entre toutes ces disciplines.»
Une nouvelle voie
C’est une rencontre fortuite avec l’architecte de la station Jean-Talon, Gilbert Sauvé, qui a initié l’artiste à l’art public. «Je n’avais jamais pensé à l’art public auparavant, du moins pas pour m’y engager moi-même. D’ailleurs, à ce jour, c’est ma seule réalisation du genre. Mais les œuvres d’art du métro me fascinaient déjà depuis longtemps. Un nouveau tronçon, la ligne bleue, s’ajoutait maintenant à ce réseau, avec comme point de correspondance la station Jean-Talon qui se présentait comme un puits profond à trois niveaux dans lequel étaient littéralement suspendues les différentes voies. Au moment où je l’ai rencontré, l’architecte n’avait pas encore trouvé l’artiste pouvant relever le défi que représentait la création de cette œuvre de 18 mètres de hauteur. L’idée m’a intéressée et je crois que j’en suis arrivée à la maquette finale assez rapidement.»
«Mais la réalisation de l’œuvre comportait plusieurs contraintes. La première: le transport devait en être le thème. La deuxième était que l’œuvre ne pouvait être vue dans son ensemble que de très peu d’endroits. Les différents niveaux faisaient en sorte que la mosaïque se devait d’être «complète» dans sa fragmentation aussi bien que dans son ensemble. La troisième était le matériau et les limites de couleurs: il s’agissait de panneaux d’acier émaillé devant comprendre une, deux ou trois couleurs. L’œuvre avait aussi un autre but, celui de «s’éclater» dans toute la station pour y créer une ambiance intégrée. Ainsi, les motifs de la murale devaient pouvoir être repris dans les mêmes tons, pour figurer sur le plancher par exemple. Il s’agissait de créer non seulement une œuvre artistique, mais d’en faire le leitmotiv de la station. Ce fut donc un travail d’équipe avec l’architecte.»
Une œuvre d’exception
Le 11 juin 1986, près de vingt ans après son ouverture sur la ligne orange, la station Jean-Talon devenait une station de correspondance avec l’inauguration des cinq premières stations de la ligne bleue. Judith Bricault Klein se souvient de l’atmosphère fébrile qui régnait ce jour-là: «Il y avait des journalistes, des photographes… Mais je me souviens surtout de l’impatience que j’avais de voir les voyageurs déambuler devant ce tableau qui ferait bientôt partie, pour certains, de leur environnement quotidien. D’ailleurs, je n’ai jamais par la suite emprunté cette station pour «aller quelque part». Les quelques fois où j’y suis entrée, c’était pour voir le mouvement de la foule, sentir le rythme de la vie sans laquelle l’œuvre ne servirait à rien. Chaque fois, je m’y suis plue.»
«Cependant, cette œuvre m’apparaît aujourd’hui comme quelque chose de plus grand que nature, quelque chose vers lequel je ne serais pas allée par moi-même. C’est vraiment à la faveur de circonstances très particulières que la murale de la station Jean-Talon a été créée. Il y a parfois dans la vie de ces conjonctures d’exception qui rendent unique la réalisation d’une œuvre. Pour le moment, je ne travaille pas du tout dans le domaine de l’art. Quand je m’y adonne, je travaille des techniques, j’explore, je réfléchis. J’ai l’intention de me remettre à la peinture et au dessin dans le futur, de manière très «libre». Je n’ai pas encore décidé dans quelle direction, mais ce sera quelque chose de nouveau. Je m’en réserve la surprise…»