La Société de transport de Montréal (STM) témoignera aujourd’hui devant l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) afin d’y présenter son mémoire qui détaille les impacts de la crise d’itinérance sur sa mission de transport et demander une meilleure prise en charge des personnes vulnérables par les instances responsables.
« Le métro est malheureusement devenu l’unité de débordement pour les personnes les plus vulnérables qui passent à travers les mailles du filet social, a déclaré le président du conseil d’administration de la STM, Éric Alan Caldwell, en marge de la consultation publique. Mais la réalité, c’est que la STM ne peut plus être le refuge de dernier recours. Il est inacceptable que l’on considère le métro comme un bon endroit pour ces personnes. Il n’y aura pas de solution pérenne tant qu’on n’assurera pas une réelle prise en charge de ces personnes par le système de santé et des services sociaux, afin d’empêcher qu’elles se retrouvent dans nos installations qui ne sont pas adaptées pour elles », a poursuivi M. Caldwell.
« Le métro doit servir à la mobilité des Montréalaises et des Montréalais, et la crise de l’itinérance a maintenant des répercussions démesurées sur notre mission première. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour assurer un encadrement des personnes itinérantes dans notre réseau, mais face à un équilibre précaire dans nos stations et un sentiment de sécurité en déclin chez notre clientèle et nos employés, la situation est insoutenable. Sans changement considérable dans la prise en charge des personnes vulnérables, nous ne pourrons plus faire preuve d’une aussi grande tolérance dans notre réseau », a complété Marie-Claude Léonard, directrice générale de la STM.
Cette présentation est faite dans le cadre de la consultation publique de l’OCPM sur l’itinérance et la cohabitation sociale à Montréal, dont le mandat a été confié par la Ville de Montréal.
Le mémoire complet de la STM peut être consulté en ligne.
La présentation de la STM devant l’OCPM sera diffusée à 13h en direct sur le site de l’OCPM.
Faits saillants du mémoire
- Le nombre de raccompagnements à la fermeture du métro est passé de 10 051 en 2023 à 12 124 en 2024 (+19%).
- La STM constate une augmentation des personnes sans objectif de déplacement dans son réseau en début et fin de période hivernale, soit lorsque les haltes-chaleur ne sont pas ou plus en service.
- Les personnes qui fréquentent le métro sans objectif de déplacement sont parmi les plus vulnérables de notre société et présentent des problématiques complexes.
- Le nombre d’appels aux constables spéciaux pour incivilités a augmenté de 40 % en 2024 vs 2023.
- Les plaintes clients sur la sécurité dans le métro ont crû de 18 % en 2024 vs 2023.
- Les appels pour des interventions sur la consommation de drogues ont augmenté de 166 % entre 2023 et 2024 (passant de 807 à 2 150) et une augmentation de la consommation de drogues dures à vue et des surdoses sont constatées.
- Le sentiment de sécurité dans le métro a connu une baisse importante en 2024. En janvier 2025, le sentiment de sécurité a atteint un creux historique avec seulement un client sur deux ayant un sentiment de sécurité élevé lors de ses déplacements.
- Malgré un contexte d’optimisation budgétaire, la STM a augmenté son budget en sécurité dans les 2 dernières années pour faire face à la crise.
- Les impacts financiers liés à la cohabitation sociale plus difficile dans le réseau du métro sont réels : la STM doit à la fois investir davantage en mesures de sécurité, mais se prive également de revenus potentiels, car l’augmentation importante des appels pour les constables spéciaux limite leur capacité à effectuer la vérification de titres.
- Le nombre total d’agressions de nature criminelle (agressions physiques, menaces et intimidations) envers le personnel de première ligne de la STM a augmenté de 9 % entre 2023 et 2024 (382).
- La situation amène aussi un accroissement des enjeux de propreté, malgré tout le travail des employés d’entretien de la STM qui doivent redoubler d’efforts. La présence de déchets humains et de seringues souillées en station constitue un enjeu pour notre clientèle et nos employés.
- Des personnes sans objectif de déplacement s’introduisent en tunnel pour aller uriner ou encore se dirigent sur la voie en raison d’un enjeu de santé mentale, se mettant ainsi en danger et causant des interruptions de service.
- En 2024, 520 interruptions de service ont eu lieu en raison de la présence de personnes sur la voie (en station ou en tunnel), soit 28 % de l’ensemble des interruptions de service (1 829).
Résumé des principales recommandations de la STM
- Que l’on cesse collectivement de considérer le réseau de métro comme le refuge de dernier recours pour les personnes en situation de vulnérabilité.
- Que le gouvernement finance davantage le réseau de la santé et des services sociaux afin que la prise en charge des personnes en situation d’itinérance consommant des drogues, des personnes ayant une déficience intellectuelle, un trouble du spectre de l’autisme, des pertes cognitives ou les personnes vieillissantes soit assurée tout au long de leur trajectoire, de l’espace public jusqu’à l’accès au logement.
- Que le gouvernement, accompagné par la Ville de Montréal, déploie un plan régional annuel complet en matière de services d’hébergement (refuges, haltes-chaleur, centre de jour) avec une intensification à partir de l’été afin de planifier la période hivernale.
- Que le gouvernement et la Ville mettent sur pied une coordination annuelle des places et des débordements en services d’hébergement d’urgence et sur la situation plus globale dans l’espace public et que l’information qui en découle soit diffusée aux organismes et institutions, incluant la STM.
- Que les instances responsables :
- Renforcent l’intervention de proximité dans le réseau de métro afin de créer des liens avec les personnes dans l’objectif de les réaffilier au réseau de la santé et des services sociaux.
- Bonifient l’offre des sites de consommation supervisée.
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Disponibilité médiatique
Mme Marie-Claude Léonard, directrice générale de la STM, et M. Éric Alan Caldwell, président du conseil d’administration de la STM, seront disponibles pour répondre aux questions des médias aujourd’hui:
Date : 18 février
Heure : midi
Lieu : Centre Saint-Pierre, 1212, rue Panet, salle 105
Les médias doivent confirmer leur présence au medias@stm.info.
Pour information: medias@stm.info