Lettre de M. Zampino, président du Conseil d'administration de la STCUM
LE TRANSPORT EN COMMUN AU COEUR DE LA RÉGION MONTRÉALAISE
Montréal, le 25 février 2000 - Lautomne dernier, lors de la présentation de son budget 2000, la STCUM faisait un survol des hauts et des bas du financement du transport en commun au cours de la dernière décennie, faisant ressortir notamment la diminution de la contribution du gouvernement du Québec à lexploitation du transport à la STCUM pour un montant de 171 millions de dollars. Cet exercice démontrait comment le consensus initial dégagé par les intervenants sur la nécessité de renforcer le transport en commun dans la région de Montréal sest graduellement effrité. Il faisait aussi le portrait des impacts et des coûts importants engendrés par la détérioration des services de transport en commun. À ce titre, mentionnons les coûts associés à laccroissement de la congestion routière et de la pollution, la hausse des coûts de transport autant des personnes que des marchandises, la baisse de la compétitivité du centre et la pression exercée pour développer de nouvelles infrastructures routières. Il est évident que le transport en commun est une activité importante de léconomie régionale et cest à ce titre que sa relance est jugée essentielle. Un virage simpose donc pour les années à venir et ce, quels que soient les choix qui seront faits en matière de structures municipales, de pacte fiscal avec les municipalités, de révision de la loi sur lAMT et de réalisation dun plan de transport pour la région.
Lhistoire récente de ces derniers dossiers montre à quel point la situation est complexe et les enjeux hautement stratégiques. Il est clair quune vision globale et concertée favorisera le succès de telles démarches. Présentement, lexercice des pouvoirs et des rôles attribués aux différents ministères impliqués, organismes, municipalités et autres ne permet pas de faciliter la mise en place des orientations et des mesures nécessaires au développement de la région et latteinte des résultats escomptés.
Dans cet ordre didées, on comprend quen labsence dun plan de transport propre à la grande région de Montréal, il est difficile de juger de la pertinence des projets dinvestissements majeurs actuellement proposés. Malgré leur potentiel, on ne peut savoir dans quelle mesure ils répondent aux orientations et objectifs globaux pour la région.
La relance du transport en commun dans la région de Montréal est devenue urgente. Elle nécessite des actions rapides et denvergure dont il faudra absolument tenir compte lors de la révision des structures municipales de la région métropolitaine. Parallèlement, si le gouvernement opte pour la construction dun pont, il ny a pas là nécessairement incompatibilité avec les mesures visant le développement du transport en commun, en autant quon prévoit des mesures spécifiques favorisant le transport en commun tout en facilitant le transport en général. On peut penser à linstauration de voies réservées et de services dautobus rapides ainsi quà une gestion de la demande de transport par lintroduction de diverses mesures limitant lutilisation de lautomobile.
En parallèle, lépineux problème de la congestion routière, aux heures de pointe particulièrement, met le focus sur laccroissement de laccessibilité à lIle de Montréal et favorise, en contrepartie, létalement urbain. Les solutions visant à améliorer la fluidité des déplacements entre la périphérie et le centre devraient prévoir, bien sûr, la mise en place de mesures pour la banlieue entourant lîle de Montréal mais non au détriment du centre qui a absolument besoin dêtre consolidé afin dassurer sa capacité dabsorption de tels échanges. Autrement, seul le goulot détranglement (liens inter rives) serait déplacé vers le centre et ceci impliquerait à court terme linjection de capitaux non planifiés et probablement non disponibles.
Outre les points soulevés précédemment, il faut traiter de laspect financier de telles démarches et des investissements qui en découleront. Ce thème est peu abordé dans les différents discours jusquà présent. Selon les rumeurs en cours, il est prévisible que largent requis se chiffre en milliards de dollars alors que les disponibilités sont bien moindres puisquil est question de quelques centaines de millions de dollars.
Dans ce contexte, il faut éviter le piège de sous-estimer la portée dune telle pénurie dargent et finalement de ne pouvoir réaliser les projets prévus. Le retrait de Québec du financement de lexploitation du transport en commun en 1992 et des trains de banlieue en 1996, la réforme Trudel en 1998 sont éloquents sur létat des finances du gouvernement et ont eu des impacts importants sur les finances municipales et par ricochet, sur celles du transport en commun sur la CUM. Malgré des efforts soutenus de la part des municipalités de la CUM et de gestion serrée à la STCUM, la part des déplacements en transport en commun na pas cessé de se détériorer, passant de 38% à 30% entre 1988 et 1998.
Ceci nous amène à conclure que la réalité financière daujourdhui incite à une certaine retenue dans toutes ces démarches de révision et de réorganisation. Le transport en commun représente une alternative rentable à bien des égards puisquil soulage la congestion routière, quil est définitivement écologique, quil contribue à rendre la région de Montréal plus compétitive et enfin, pour les individus, quil est moins cher à utiliser quune automobile. Miser sur ce mode de transport, cest en améliorer les services et leur qualité, dabord en lui assurant un financement suffisant et durable et ensuite en investissant dans les infrastructures existantes et nouvelles.
Frank Zampino
Président du conseil dadministration
STCUM